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Pour ou contre Henri de Navarre ? Avec les guerres de religion et la création de la Sainte Ligue, les processions vont se politiser, s'armer... La rue devient un lieu d'expression de ses convictions, de démonstrations de force et de confrontations plus ou moins violentes.
En outre, le passage progressif vers l'absolutisme, avec son cortège d'impôts, ouvre la voie à des mouvements de colère politique, sociale et économique tels que la Fronde.
Ce mot me remet dans la mémoire ce que je crois avoir oublié de vous expliquer dans le premier volume de cet ouvrage, c'est son étymologie, (...).
Bachaumont s'avisa de dire un jour, en badinant, que le parlement faisoit comme les écoliers qui frondent dans les fossés de Paris, qui se séparent dès qu'ils voient le lieutenant civil et qui se rassemblent dès qu'il ne paroît plus.
Cette comparaison, qui fut trouvée assez plaisante, fut célébrée par les chansons, et elle refleurit particulièrement lorsque, la paix étant faite entre le roi et le parlement, l'on trouva lieu de l'appliquer à la faction particulière de ceux qui ne s'étoient pas accommodés avec la cour. (...)
Nous résolûmes, dès ce soir-là, de prendre des cordons de chapeaux qui eussent quelque forme de fronde. Un marchand affidé nous en fit une quantité, qu'il débita à une infinité de gens qui n'y entendoient aucune finesse. Nous n'en portâmes que les derniers pour n'y point faire paroître d'affectation qui en eût gâté tout le mystère.
L'effet que cette bagatelle fit est incroyable. Tout fut à la mode,
le pain, les chapeaux, les canons, les gants, les manchons, les éventails, les garnitures ; et nous fûmes nous-mêmes à la mode encore plus par cette sottise que par l'essentiel.
Nous avions certainement besoin de tout pour nous soutenir, ayant toute la maison royale sur les bras (...)
Extrait de Mémoires du Cardinal de Retz, T. 2.