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Paris en chantier ! A partir des années 1850, Paris va devenir un vaste chantier pendant 30 ans.
Le « baron Haussmann », préfet de Paris, est impressionné par sa visite de Londres, reconstruite après le gigantesque incendie de 1666.
Sous la férule de Napoléon III, encouragé par les théories hygiénistes alors en vogue, il exproprie, rase, puis reconstruit boulevards et immeubles tirés au cordeau, y compris dans le Paris historique. C'est l'opération « Paris agrandie, Paris embellie, Paris assainie ». En 1860, les communes avoisinantes (Montmartre, Charonne, Belleville sont annexées à la capitale.
Les travaux voulus par Napoléon III et engagés par Haussmann sont extrêmement coûteux.
Pour les mener à bien, le pouvoir politique promulgue de nouvelles règlementations d'urbanisme sur l'expropriation et les servitudes de reconstruction et s'adosse au secteur privé pour réaliser les investissements nécessaires.
L'Etat emprunte pour prendre à sa charge le financement des expropriations et des équipements collectifs (adduction d'eau, de gaz, égouts, parcs) et rembourse ses emprunts en revendant par lots aux promoteurs les surfaces constructibles, ceux-ci devant se conformer aux nouvelles règles d'urbanisme. Ce système permet d'investir annuellement dans ces travaux faramineux le double du budget de la Ville.
Mais la dette se creuse et les opérations immobilières favorisent la spéculation et l'affairisme, dénoncés par Emile Zola dans La curée.
L'ouverture de grandes artères constitue dans l'esprit d'Haussmann les « moyens de satisfaire aux nécessités d'une circulation toujours plus active».
Cette politique inaugure la priorité donnée aux voitures qui durera jusqu'à Georges Pompidou.
Que l'on jette bas les rues malsaines et qu'on ouvre des voies spacieuses ; qu'on fasse place au soleil dans les quartiers sombres, qu'on donne à Paris des poumons là où il éprouve le besoin de respirer ; il le faut, puisque l'hygiène l'ordonne,
et que le progrès l'exige. Mais partout ou l'intérêt de la santé publique, partout où le développement inévitable de la civilisation ne prescrivent pas à l'édilité parisienne de se montrer impitoyable, grâce pour le vieux Paris ! Grâce pour les restes visibles de ce passé que le présent ne saurait détruire dans tout ce qui le rappelle sans commettre le crime de parricide ! Grâce !... eh bien, oui, grâce pour quelques-unes des verrues et des taches qu'aimait Montaigne !
Extrait Le vieux Paris de Louis Blanc in Paris-guide, par les principaux écrivains et artistes de la France, Librairie Internationale, 1867.