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Puissant et immatériel

Puissant et immatériel

Sur la terre comme au ciel

Sur la terre comme au ciel

Dompter le feu

Dompter le feu

La guerre du feu

La guerre du feu

Le cru et le cuit

Le cru et le cuit

Rôtir, frire, griller, bouillir, braiser...

Rôtir, frire, griller, bouillir, braiser...

Les arts ménagers

Les arts ménagers

En hiver, du feu, du feu !

En hiver, du feu, du feu !

Chauffer l'atelier de l'artiste

Chauffer l'atelier de l'artiste

Faire feu de tout bois !

Faire feu de tout bois !

De l'alcarazas au frigo

De l'alcarazas au frigo

L'alchimie

L'alchimie

Les forges de Vulcain

Les forges de Vulcain

Magie de la transparence

Magie de la transparence

Le lustre du candélabre

Le lustre du candélabre

La fée électricité

La fée électricité

Citylights

Citylights

Le cheval-vapeur

Le cheval-vapeur

Boum !

Boum !

3,2,1... mise à feu

3,2,1... mise à feu

Peur sur la ville

Peur sur la ville

Le feu de la guerre

Le feu de la guerre

Autodafés

Autodafés

Fais-moi un signe

Fais-moi un signe

Bûchers et sorcières

Bûchers et sorcières

Partir en fumée

Partir en fumée

Les feux de la Saint-Jean

Les feux de la Saint-Jean

À la manière d'un grand soleil...

À la manière d'un grand soleil...

Bouquet final

Bouquet final

Fais-moi un signe

Par quel prodige Saint Côme et Saint Damien (et leurs 3 frères) repoussent-ils les flammes vers leurs bourreaux et échappent à toutes les atrocités que le proconsul Lilias leur fait subir ? Rendre la justice est parfois bien compliqué, surtout en l'absence de preuve ou de témoin. C'est pourquoi on a longtemps confié à Dieu le soin de reconnaître les siens via l'ordalie, le jugement divin. Le principe en est simple : on demande à l'accusé de se saisir d'une barre de fer rougie au feu et l'on étudie l'évolution de la blessure pour décider de son sort, partant du postulat que dieu ne saurait faire condamner un innocent.

Forcer la divinité à prendre parti

De la France à la Polynésie, des régions scandinaves aux extrémités de l'Afrique, il n'est peut-être pas de pays au monde où, pour faire valoir son droit ou pour faire reconnaître son innocence, on ne se soit soumis à une épreuve mortelle. Épreuve de l'eau chaude ou de l'eau froide, épreuve du feu ou du poison, il n'importe toujours, à un certain degré de développement social et religieux, on est convaincu que le meilleur moyen de terminer un litige, c'est d'exposer une au moins des personnes en cause à quelque danger très grave et de forcer ainsi la divinité à prendre parti pour la justice.

L'idée qui se manifeste dans cette procédure redoutable et sacrée est clairement visible dans un rite préliminaire. Au moment suprême, ceux qui demandent au ciel d'intervenir, celui-là surtout dont le corps va être mis à l'épreuve, font une prière, appel direct et formel à la divine providence.

Dans les sociétés où le sacerdoce appartient à une caste, c'est l'homme de Dieu qui s'avance pour l'invocation solennelle. Le bonze hindou s'adresse au feu qui flambe « 0 feu, dit-il, semblable à un témoin, tu vis dans l'intérieur de chaque créature ; toi seul connais ce que les mortels ne peuvent comprendre. Celui qui est accusé se trouve devant toi il cherche sa justification. Fais qu'il puisse éviter le mal dont le menace l'épreuve qui va lui être appliquée. »

Extrait de Études sociales et juridiques sur l'antiquité grecque de Gustave Glotz, 1906

De nos jours encore, on fait parler le feu : les feux tricolores et les phares émettent des injonctions bien utiles à la sécurité de tous.

Saint Cosme et Damien venant d'être condamnés au bûcher, fresque de Fra Angelico
Saint Cosme et Damien venant d'être condamnés au bûcher

En 1436, le couvent florentin de San Marco est attribué aux dominicains de Fiesole. A la demande des Medicis, princes mécènes de Florence, les bâtiments sont partiellement reconstruits et décorés. C'est ainsi que Fra Angelico y réalise à partir de 1439 de nombreuses fresques sur les murs de la chapelle, des cellules et des dortoirs, dont cet épisode du martyr de Saint-Côme et Saint-Damien. Leur qualité témoigne de la grande maîtrise artistique de Fra Angelico. En effet, la technique qui consiste à déposer les pigments sur un enduit frais apposé sur la paroi - d'où le nom de peinture « a fresco » - oblige l'artiste à travailler très rapidement et sans hésitation.

Fra Angelico

La carrière artistique de Fra Angelico est intimement liée à son parcours religieux. Né à la fin du XIVe siècle près de Florence, Guido de Piero se forme à la peinture dans des conditions mal connues, tout en entrant au couvent dominicain de Fiesole. Sous le nom de Fra Giovanni, il reste toute sa vie au sein de cet ordre mendiant qui connaît alors une grande expansion. C'est donc en tant que dominicain que Guido de Piero réalise son œuvre picturale, décorant par exemple la bibliothèque et l'église du couvent San Marco à Florence.

Il travaille également à plusieurs reprises pour la papauté, depuis que le pape Eugène IV, venu consacrer l'église conventuelle de San Marco, l'a distingué. Mais il n'oublie pas sa fonction de dominicain, devenant prieur de son couvent de Fiesole où il meurt en 1455.

Considéré dès son vivant comme un immense artiste consacré à la gloire de Dieu, il reçoit l'épithète d'Angelicus Pictor, d'où son nom posthume de Fra Angelico.

© Roger-Viollet