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Les feux de la Saint Jean sont une adaptation chrétienne d'un très vieux rituel lié au solstice d'été et/ou aux moissons que l'on retrouve dans diverses parties du globe (chez les celtes, les germains, les chinois, les scandinaves, les incas, les turques...).
L'historien Dulaure nous a laissé la description d'une de ces cérémonies, qui se passa sous Charles IX :
« Au milieu de la place de Grêve était placé un arbre de 60 pieds de hauteur, hérissé de traverses de bois auxquelles on attacha 500 bourrées et 200 cotrets ; au pied étaient entassés 10 voies de gros bois et beaucoup de paille. 120 archers de la ville, 100 arbalétriers, 100 arquebusiers y assistaient pour contenir le peuple. Les joueurs d'instruments, notamment ceux que l'on qualifiait de grande bande, sept trompettes sonnantes accrurent le bruit de la solennité. Les magistrats de la ville, prévôts et échevins, portant des torches de cire jaune s'avancèrent de l'arbre entouré de bûches et de fagots, présentèrent au roi une torche de cire blanche, garnie de deux poignées de velours rouge ; et sa Majesté, armé de cette torche, vint gravement allumer le feu. »
Le dernier monarque qui alluma le feu de Grève de ses mains fut Louis XIV. Plus tard cet honneur revint au prévôt des marchands et, à son défaut, aux échevins. Par une bizarrerie véritable, la perche qui soutenait le bûcher était surmontée d'un tonneau ou d'un sac rempli de chats vivants. C'est ainsi qu'on lit dans les registres de la ville de Paris : « Payé à Lucas Pommereux, l'un des commissaires des quais de la ville, cent sous parisis pour avoir fourni durant trois années finies à la St Jean 1573, tous les chats qu'il fallait audit feu, comme de coutume, et même pour avoir fourni, il y a un an où le roi y assista, un renard pour donner plaisir à Sa Majesté, et pour avoir fourni un grand sac où estoient lesdits chats. » Il arrivait en effet que, pour ajouter plus d'éclat à la fête, quand d'aventure Sa Majesté y assistait, on joignait au chat quelque animal féroce, ours, loup, renard, dont l'autodafé constituait un divertissement de haut goût...
Extrait de Fêtes et coutumes populaires de Charles Le Goffic, 1911
De grands feux sont allumés autour desquels les populations dansent. Parfois, les jeunes hommes sautaient par-dessus les feux pour montrer leur vigueur aux jeunes filles. Il semble qu'à cette occasion, le feu symbolise le soleil. D'abord combattue par l'Eglise, la tradition des feux de joie était si vivace qu'elle perdura. Plus ou moins tombée en désuétude au cours du XXe siècle, cette grande fête populaire semble renaître (de ses cendres...), notamment à Mons en Belgique.