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L'expérimentation des effets du feu est ancestrale. Au Moyen-âge et à l'époque moderne, les alchimistes jouent un rôle important dans l'exploration de ses propriétés transformatrices. Véritable philosophie de la nature, cette chimie ancienne est certes bien loin de la chimie moderne (elle décline d'ailleurs à partir du XVIIIe siècle). Fondée, comme la médecine de l'époque, sur le principe d'une unité organique du monde, l'alchimie donne pourtant lieu à un véritable travail en laboratoire. A partir de raisonnements analogiques et de correspondances supposées entre les divers éléments, les alchimistes ne cessent de transformer, notamment les métaux, convaincus que les propriétés de ceux-ci leur sont conférées par les qualités originelles des principes élémentaires de bases. Chauffer, calciner, dissoudre... loin de la pratique magique qu'on leur prête souvent, ces expérimentateurs effectuent un vrai travail de laboratoire.
On voit par là que l'eau et le feu se sont communiqués naturellement leurs qualités, que l'espèce du feu philosophique n'est pas la même que celle du feu commun, et qu'il faut penser la même chose de l'eau. Nous avons observé, au sujet de la chaux vive et du feu grégeois, qu'ils s'embrasent dans l'eau et ne s'éteignent nullement contre la nature des autres corps inflammables. Ainsi l'on affirme que le camphre, enflammé préalablement brûle dans l'eau. Et la pierre gagate (comme l'atteste Anselm de Bood) s'éteint plus facilement lorsqu'elle est enflammée avec de l'huile qu'avec de l'eau. Car l'eau ne peut se mélanger avec ce qui est gras, elle cède au corps igné, à moins qu'elle ne le recouvre et ne le submerge entièrement. Mais ceci ne peut se faire aisément puisque c'est une pierre et que, comme toute huile, elle gagne la partie supérieure de l'eau. Ainsi le naphte, le pétrole et les substances qui leur ressemblent ne craignent guère les eaux. (...). Il existe donc une grande diversité de feux, en ce qui concerne la manière de l'allumer et de l'éteindre. La diversité n'est pas moindre dans le domaine des liquides, car le lait, le vinaigre, l'eau-forte, l'eau régale et l'eau commune diffèrent grandement en elles, dans leur comportement à l'égard du feu.
Michael Maier : l'atalante fugitive
Ce moine alchimiste « équilibre les éléments » : il pèse la matière en feu Outre les aliments, le pouvoir calorifique du feu permet de cuire la matière, c'est-à-dire de transformer sa structure moléculaire pour améliorer ses propriétés physiques.