Suzanne et les vieillards
Parmi les légendes liées au bain, un épisode de l'Ancien Testament a particulièrement inspiré les peintres, c'est l'histoire de Suzanne et les Vieillards, ou comment Daniel a gagné ses galons de prophète.
Suzanne, une femme pieuse et très belle, est mariée au riche Joakim. Tous deux vivent à Babylone dans une belle maison dotée d'un jardin. Parce qu'ils sont riches et respectés, de nombreux juifs viennent chez eux pour régler leurs différends en présence de deux vieillards choisis parmi le peuple pour leur sagesse.
L'après-midi, une fois les hôtes partis, Suzanne a l'habitude de se promener dans le jardin. Les deux vieux juges la croisent quotidiennement et, sans se l'avouer mutuellement, parce qu'ils ont honte, se mettent à la désirer ardemment.
Un jour, n'en pouvant plus, et s'étant séparés pour aller dîner, chacun des deux vieillards revient sur ses pas pour la contempler... et se rencontrent à nouveau ! Ils finissent donc par s'avouer leur désir et décident d'agir ensemble.
Guettant l'occasion favorable, cachés dans le jardin, les deux vieillards libidineux surprennent une conversation entre Suzanne et deux servantes qui l'accompagnent. Suzanne leur demande de fermer les portes du jardin et d'aller quérir de l'huile et des parfums afin qu'elle se baigne parce qu'il fait chaud.
Les jeunes filles parties, les vieux sages sortent de leur cachette et lui proposent un odieux chantage :
« Voici que les portes du jardin sont fermées, personne ne nous voit et nous sommes pleins de désir pour toi ; donne-nous donc ton assentiment et sois à nous. Sinon, nous témoignerons contre toi qu'un jeune homme était avec toi et que c'est pour cela que tu as renvoyé les jeunes filles. »
Considérant qu'elle est perdue quel que soit son choix, Suzanne choisit pourtant de ne pas céder, afin de ne pas pécher. Elle se met donc à crier, tout comme les deux lascars qui, dans le même temps ouvrent les portes du jardin. Des gens accourent et écoutent les mensonges des vieillards.
Le lendemain, le peuple est rassemblé chez Joakim. Les deux anciens, crédibles parce que juges du peuple, réitèrent leur accusation :
« Comme nous nous promenions seuls dans le jardin, celle ci est entrée avec deux servantes ; elle a fait fermer les portes du jardin et renvoyé les servantes ; puis un jeune homme qui était caché est venu vers elle et a péché avec elle. En voyant le crime, nous avons couru vers eux et nous les avons vu s'unir. De lui, nous n'avons pu nous rendre maîtres, parce qu'il était plus fort que nous et qu'ayant ouvert les portes, il s'est échappé. Mais nous avons demandé à Suzanne quel était ce jeune homme et elle n'a pas voulu nous le révéler. De tout cela nous sommes témoins. »
Suzanne répond :
« Dieu éternel, qui connais les secrets et qui sais tout avant que cela n'arrive, tu sais qu'ils ont porté contre moi un faux témoignage, et voici que je meurs sans avoir rien fait de ce que ceux-ci ont méchamment imaginé contre moi. »
Dieu entend Suzanne et éveille l'esprit saint de Daniel, un jeune garçon, alors qu'elle est conduite à la mort. Daniel demande alors à interroger les deux vieillards séparément. Il demande au premier sous quel arbre se tenaient Suzanne et son amant. Le vieillard assure qu'il s'agissait d'un lentisque. Le deuxième vieillard, à qui Daniel pose la même question, évoque un chêne.
Daniel ayant prouvé que le témoignage des deux vieillards était faux, ceux-ci sont condamnés à mort et Suzanne est lavée de tout soupçon d'adultère.
Et c'est ainsi que Daniel devint grand devant le peuple, à partir de ce jour et dans la suite du temps.