Le suicide de Sénèque ou le bain fatal
Mais la baignoire est aussi un lieu dramatique pour certains.
Le philosophe Sénèque fut le précepteur puis le conseiller de Néron quand il devint empereur en 54 après J.-C.
Mais Néron, « dont la monstruosité était au-delà de toute plainte », nous dit Tacite, se mit à haïr son ancien maître, tenta de l'empoisonner, et finit par le condamner au suicide en 65.
« Comme le sang coulait péniblement et que la mort était lente à venir, il pria Statius Annaeus, qu'il avait reconnu par une longue expérience pour un ami sûr et un habile médecin, de lui apporter le poison dont il s'était pourvu depuis longtemps, le même qu'on emploie dans Athènes contre ceux qu'un jugement public a condamnés à mourir. Sénèque prit en vain ce breuvage : ses membres déjà froids et ses vaisseaux rétrécis se refusaient à l'activité du poison.
Enfin il entra dans un bain chaud, et répandit de l'eau sur les esclaves qui l'entouraient, en disant: "J'offre cette libation à Jupiter Libérateur." Il se fit ensuite porter dans une étuve, dont la vapeur le suffoqua.
Son corps fut brûlé sans aucune pompe ; il l'avait ainsi ordonné par un codicille, lorsque, riche encore et très puissant, il s'occupait déjà de sa fin. » (extrait des Annales de Tacite).
Sénèque s'exécuta en se tranchant les veines des bras et des jarrets dans une baignoire d'eau chaude pour accélérer l'hémorragie fatale.