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Babel et Babylone

Babel et Babylone

Métropoles aztèques

Métropoles aztèques

La Jerusalem céleste

La Jerusalem céleste

Les tulou du Fujian

Les tulou du Fujian

Utopia

Utopia

Romorantin, capitale du royaume

Romorantin, capitale du royaume

La ville de l'amour fraternel

La ville de l'amour fraternel

La ville de pierre de Pierre

La ville de pierre de Pierre

Industrie, socialisme et utopie

Industrie, socialisme et utopie

Le progrès est dans l'air

Le progrès est dans l'air

Villa « Sam suffit »

Villa « Sam suffit »

Du passé, faisons table rase ?

Du passé, faisons table rase ?

Les villes nouvelles

Les villes nouvelles

Capitales ex nihilo

Capitales ex nihilo

Auroville ou l'anarchie divine

Auroville ou l'anarchie divine

Les villes privées

Les villes privées

Dubaï : miracle ou mirage ?

Dubaï : miracle ou mirage ?

Et demain ?

Et demain ?

Industrie, socialisme et utopie

De plus en plus, l'économie est au cœur des réflexions urbaines. L'industrialisation naissante provoque un nouvel afflux de population vers les villes. Filles de la révolution industrielle, celles-ci deviennent un objet de rejet.

L'Icarie de Cabet

Les piétons sont protégés même contre les intempéries de l'air, car toutes les rues sont garnies de trottoirs, et tous ces trottoirs sont couverts avec des vitres, pour garantir de la pluie sans priver de la lumière, et avec des toiles mobiles pour garantir de la chaleur. On trouve même quelques rues entièrement couvertes, surtout entre de grands magasins de dépôts, et tous les passages pour traverser les rues sont également couverts.

On a poussé même la précaution jusqu'à construire, de distance en distance, de chaque côté de la rue, des reposoirs couverts, sous lesquels s'arrêtent les omnibus, pour qu'on puisse y monter ou en descendre sans craindre ni la pluie, ni la boue.

Tu vois, mon cher ami qu'on peut parcourir toute la ville d'Icara, en voiture quand on est pressé, par les jardins quand il fait beau, et sous les portiques quand le temps est mauvais, sans avoir jamais besoin ni de parasol, ni de parapluie, et sans craindre jamais rien ; tandis que les milliers d'accidents et de malheurs qui chaque année accablent le peuple de Paris et de Londres, accusent la honteuse impuissance ou l'indifférence barbare des gouvernements.

Extrait de « Voyage en Icarie » d'Etienne Cabet, 1845.

Sombres, malsaines, elles sont accusées de diffuser des maux physiques et moraux - de l'alcoolisme au choléra. Les penseurs utopiques développent alors de nombreux projets visant à fonder de nouvelles communautés économiquement viables, socialement progressistes et salubres.

Les latrines d'or de Lénine

« Quand nous aurons triomphé à l'échelle mondiale, nous ferons avec l'or, je le crois, des latrines publiques dans les rues de quelques-unes des plus grandes villes du monde. Ce serait l'emploi de l'or le plus équitable, le plus nettement édifiant pour les générations qui n'auront pas oublié qu'à cause de l'or on a massacré dix millions d'hommes et estropié trente millions dans la « grande guerre libératrice » de 1914-18... »

Extrait de « sur le rôle de l'or aujourd'hui et après la victoire totale du socialisme » de Lénine. Il s'est probablement inspiré de l'Utopia dans laquelle Thomas More prévoyait de fabriquer des pots de chambre et des crachoirs avec les métaux précieux...

S'appuyant sur certaines caractéristiques de l'Utopia de More, Saint-Simon, Robert Owen, Charles Fourier, Etienne Cabet, Philippe Buchez, recherchent des formes qui permettent l'épanouissement physique et moral des classes laborieuses.

De nombreuses tentatives sont faites, hélas avec un succès tout relatif. Le familistère « Godin », du nom de son promoteur, l'ancien ouvrier fourieriste devenu fabricant de poêles, subsiste encore aujourd'hui. L'entreprise est restée une coopérative jusqu'en 1968 et les logements sont encore habités. Mais les autres colonies utopiques, notamment celles fondées sur le sol américain, survivront rarement aux premières dissensions de leurs membres...

Vue perspective de la ville de Chaux
Claude-Nicolas Ledoux

La postérité de l'architecte Claude-Nicolas Ledoux repose pour beaucoup sur le succès de son ouvrage L'Architecture considérée sous le rapport de l'art, des moeurs et de la législation dont le premier volume parut en 1804. Les surprenantes gravures qui le composent nous montrent une architecture visionnaire, aux formes néo-classiques très épurées. Elle fut souvent qualifiée d'architecture parlante : l'Oïkéma ou maison de plaisir avait par exemple un plan en forme de phallus géant !

Mais on oublie parfois que Ledoux, né en 1736, a d'abord été un architecte à succès. Après une formation classique, il mène dans la seconde moitié du XVIIIe siècle une carrière brillante au service d'une clientèle luxueuse - comme la célèbre Madame Du Barry. Il travaille également à des projets d'architecture publique, comme le théâtre de Besançon ou les Salines d'Arc-et-Senans. A la veille de la Révolution, il dirige à Paris la construction du mur d'enceinte des fermiers généraux. Ce « mur murant Paris qui rend Paris murmurant » (Beaumarchais), lui vaut une certaine hostilité. En disgrâce en 1789, il est emprisonné sous la Révolution puis connaît une retraite forcée pendant le Directoire avant de s'éteindre en 1806.

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Vue aérienne de New Harmony
F. Bate

© BnF
© wikicommons

La ville de Chaux

En 1773, Louis XV confie à l'architecte Claude-Nicolas Ledoux le soin de construire la saline d'Arc-et-Senans afin de moderniser des installations obsolètes des environs. Outre les installations de la saline elle-même, qui ont été réalisées, Ledoux conçoit une ville qui l'entoure : la ville de Chaux.

Quoique restée à l'état de projet, notamment parce que la productivité de la saline s'est avérée moindre qu'escomptée, Claude-Nicolas Ledoux concevra toute sorte de bâtiments nécessaires à la vie sociale et domestique : marché couvert, bains publics, église, maison de gymnastique et aire de canotage, écoles, université, hospice, ateliers, maison de convalescence, de tolérance... On mesure la valeur utopique de son projet à l'absence de prison : une société aussi idéale ne saurait générer de délinquants !

New Harmony

New Harmony est le nom d'une communauté imaginée par Robert Owen, le père du socialisme utopique.

Après avoir dirigé avec succès des filatures au Royaume-Uni où il mit en œuvre une politique sociale avancée, Owen théorisa une société utopique basée sur la coopération. En 1825, il acheta aux Etats-Unis une communauté pour y appliquer ses principes.

L'établissement prévu est une grande construction carrée de 330 m de côté censée abriter 2 000 personnes. Il comprend des appartements privés, des dortoirs pour les enfants et les célibataires, des bains, des réfectoires, des cuisines, des équipements publics éducatifs, sportifs et culturels, des jardins. Les bâtiments seraient chauffés, ventilés et éclairés. La vie collective y serait privilégiée. Après quatre ans d'efforts humains et financiers, New Harmony fut dissoute.