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Babel et Babylone

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Métropoles aztèques

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La Jerusalem céleste

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Les tulou du Fujian

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Utopia

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Romorantin, capitale du royaume

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La ville de l'amour fraternel

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La ville de pierre de Pierre

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Industrie, socialisme et utopie

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Le progrès est dans l'air

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Villa « Sam suffit »

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Du passé, faisons table rase ?

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Les villes nouvelles

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Capitales ex nihilo

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Auroville ou l'anarchie divine

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Les villes privées

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Dubaï : miracle ou mirage ?

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Et demain ?

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La ville de l'amour fraternel

L'utopie ne trouvera pourtant pas place en Europe, continent déjà urbanisé et bâti. En revanche, les esprits aventureux trouvent l'occasion de mettre en pratique sur la terra incognita du Nouveau Monde les projets rêvés dans l'Ancien. Forts de leurs convictions religieuses, ils rêvent d'une ville nouvelle et parfaitement ordonnancée.

Philadelphie, la cité de l'amour fraternel fondée en 1680, devient ainsi l'archétype de la ville américaine. Ici, foin de modèle centré sur les lieux du pouvoir. Les nouveaux venus rêvent d'une vie égalitaire (tout au moins pour les colons) et où règne la liberté de culte. C'est donc le modèle hippodamien, inventé en Asie Mineure deux mille ans plus tôt, qui est retenu. Le plan en damier présente de nombreux avantages. Facile à réaliser, pratique à commercialiser pour les promoteurs immobiliers, il ne suggère pas de centre aux villes qui peuvent se développer dans toutes les directions.

GPS : le 22 à Asnières

Dans les villes américaines, le plan en damier facilite le repérage des immeubles. A New York par exemple, les rues et avenues sont numérotées dans l'ordre croissant, d'où des coordonnées aisées pour situer les pâtés de maisons.

La numérotation est plus complexe dans les villes au plan moins régulier. A Paris par exemple, les numéros des immeubles s'imposent seulement en 1805 après un premier essai sous Louis XVI.

Quant au Japon, il n'existe ni numérotation, ni adresse : trouver une adresse est un sport complexe ! Férus de technologie, les japonais saisissent dans leur GPS le numéro de téléphone correspondant aux lieux où ils souhaitent se rendre !

Les villes grandissant, des tramways hippomobiles (rien à voir avec Hippodamos !) sont mis en service : leur interconnexion crée le centre de la ville. Le plan en damier devient rapidement l'alpha et l'omega de l'urbanisme nord américain, au mépris des contraintes géographiques.

Plan de Philadelphie et environs
Jacques-Nicolas Bellin
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New York City I

Lorsque Mondrian découvre New York en 1940, la ville l'enchante. Géométrique, lumineuse, colorée, elle fait directement écho à ses propres recherches. Sa découverte du jazz et du boogie-woogie, le marque également profondément. Mondrian s'en inspire à plusieurs reprises comme dans Broadway Boogie-Woogie ou New York City I, composition savamment rythmée réalisée en 1941-1942 et conservée aujourd'hui au centre Georges Pompidou.

Pieter Cornelis Mondrian

Pionnier de l'abstraction, Pieter Cornelis Mondriaan est né en Hollande en 1872. Tout comme Van Gogh, il est tiraillé entre une carrière de prédicateur et une vocation de peintre. C'est cette dernière voie qu'il choisit : après une formation à l'Académie Nationale des Beaux-Arts d'Amsterdam, il explore inlassablement toutes les avant-gardes artistiques de l'époque. Sa rencontre avec le cubisme en 1912 est un véritable choc : Mondrian qui s'intéresse avant tout à la construction de ses toiles évolue alors vers des oeuvres abstraites composées de lignes géométriques et d'aplats de couleur. Son travail artistique s'accompagne d'une intense réflexion théorique influencée par la théosophie (religion ésotérique très en vogue dans sa génération). Comme pour beaucoup d'artistes, la seconde guerre mondiale vient troubler ce parcours : après avoir quitté Paris en 1938 puis les bombardements de Londres en 1940, il rejoint New York où il mourra en 1944.

© BnF
© Collection Centre Pompidou, Dist. RMN / Philippe Migeat - HCR, Warreton USA

Philadelphie

Philadelphie, littéralement la « ville de l'amour fraternel » a été fondée par William Penn en 1681. Le roi d'Angleterre lui donnant des terres (la future Pennsylvanie) en paiement d'une dette contractée auprès de son père, le quaker Penn part donc en Amérique édifier une communauté basée sur la liberté de culte. Quoique propriétaire des terres, il préfère l'acheter aux indiens afin de pacifier leurs relations. La ville est aménagée selon un plan hippodamien entre la rivière Delaware et un de ses affluents. La ville se développe rapidement au point de devenir la deuxième ville américaine avant 1700.

Philadelphie, capitale intellectuelle (les secteurs de l'édition et de l'éducation y sont florissants), joue un grand rôle durant la révolution, notamment sous l'impulsion de Benjamin Franklin : les délégués du 2ème congrès continental y signent le 4 juillet 1776 la déclaration d'indépendance américaine. Philadelphie connaît alors une longue période de croissance industrielle, commerciale et démographique grâce à la proximité des mines des Appalaches. Le déclin économique de la ville, à partir des années 50, génère des problèmes sociaux qui sont la cause du départ des classes moyennes vers les banlieues de la ville.