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Concrétion de rêves passés et de désirs contemporains, la ville s'invente jour après jour depuis son apparition il y a plus de 4 000 ans. Au IIe millénaire avant JC, en effet, les premières cités apparaissent en Mésopotamie, dans un contexte de croissance démographique et d'intensification des échanges commerciaux. Ces phénomènes provoquent une densification de l'habitat et entraînent simultanément une nouvelle forme d'organisation sociale : faire coexister de façon viable plusieurs milliers d'habitants implique le développement d'un pouvoir politique fort.
Lorsqu'on évoque Rome, il ne s'agit pas seulement de la ville elle-même, c'est aussi son histoire : sa puissance passée, son rayonnement sur toute l'Europe puis sur la chrétienté, ses vestiges qui témoignent de son organisation urbaine, ses œuvres d'art qui attestent de sa richesse et de son pouvoir d'attraction sur les artistes et les intellectuels. Rome concentrait tous les pouvoirs et rayonnait en retour sur tout l'Empire. C'est bien pourquoi tous les chemins y menaient !
Rien d'étonnant à ce que la ville, par son caractère démiurgique, devienne rapidement lieu de tous les fantasmes. La Bible voit ainsi dans la ziggurat de Babylone la mésopotamienne le lieu d'un projet vaniteux : bâtir une tour si haute qu'elle permettrait aux hommes, unis par une langue unique, d'atteindre Dieu. La colère de ce dernier la détruit : paradis perdu, Babel symbolise dès lors le projet impossible d'une communauté humaine universelle affranchie du poids de son destin.
Babylone... « la porte des dieux » est évoquée dans des textes cunéiformes vieux de 4 500 ans. Mais son importance ne devient réelle que sous le règne d'Hammurabi (1793-1750 avant JC). Les dynasties s'y succèdent : après les amorrites arrivent les hittites, puis les kassites, les élamites. Durant cette période, Babylone est tour à tour agrandie, embellie, assiégée, attaquée, pillée...
Sous l'influence de la dynastie d'Isin, vers 1100 avant JC, « la porte des dieux » n'en vénère plus qu'un, Marduk, roi des dieux. C'est au culte de Marduk qu'est dédiée Etemenanki, littéralement la « maison-fondation entre le ciel et la terre », la ziggurat de Babylone qui a vraisemblablement inspiré le mythe biblique de la tour de Babel.
Sous le règne du chaldéen Nabuchodonosor II (605-562 avant JC), Babylone connaît son apogée. Il restaure les principaux bâtiments de la ville, construit une seconde enceinte suffisamment loin de la première pour inclure des terres permettant de nourrir la ville en cas de siège.
Si Babylone perd ensuite son indépendance, ses conquérants successifs la respectent et la restaurent : les Perses, les Macédoniens sous la houlette d'Alexandre le Grand, les Parthes lui concèdent un statut particulier parmi leurs conquêtes. Ce n'est qu'au IIème siècle après JC que la ville est abandonnée... et entre dans la légende.