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Dans les années 60, c'est finalement dans ce qu'Alfred Sauvy venait de nommer le « Tiers Monde » que sont réalisées les expériences urbaines les plus innovantes. Les pays émergents jouent là un rôle formidable et ouvrent aux architectes et urbanistes modernes des opportunités inespérées d'expérimenter les formules les plus audacieuses.
Deux nouvelles capitales sortent ainsi de terre presque simultanément :
Chandigarh accueille Le Corbusier pour dessiner la nouvelle capitale du Punjab, coupé en deux par la partition Inde/Pakistan.
Brasilia, œuvre pharaonique de Lúcio Costa et Oscar Niemeyer, sort de terre au milieu de nulle part en moins de quatre années, portée par la volonté affichée du président brésilien Kubitschek de rééquilibrer l'économie brésilienne vers l'intérieur du pays.
Brasilia, construite en 1000 jours dans la savane, chef d'œuvre d'architecture moderne, a été déclarée Patrimoine mondial de l'humanité en 1987 par l'UNESCO. L'urbaniste Lúcio Costa a imaginé le Plan pilote qui donne à la ville une forme d'avion, inscrit dans un lac artificiel. Les quartiers résidentiels sont fonctionnels et s'auto-suffisent : centres commerciaux, écoles et parcs sont à proximité.
Les bâtiments principaux ont été conçus par l'architecte Oscar Niemeyer : la cathédrale (4 000 places), le Congrès national (les chambres du parlement), le Ministère des Affaires étrangères, le Tribunal suprême et le Palais de la présidence.
Les pouvoirs judiciaire, exécutif et législatif sont regroupés autour de la majestueuse et bien nommée Place des trois Pouvoirs.
La ville s'organise autour de deux axes perpendiculaires : l'Eixo monumental et l'"Eixo Rodoviário" ou Eixao. Au croisement de ces axes, se trouvent là encore les terminaux des transports en commun, cœur palpitant d'une agglomération de 2 millions et demi d'habitants.