Celebration n'est en fait que le dernier avatar d'un projet urbanistique de Walt Disney autrement plus ambitieux, EPCOT (pour Experimental Prototype Community of Tomorrow) qui lui-même est devenu un parc d'attraction.

Le projet originel de Disney était de construire une véritable ville avec son centre d'activités, ses équipements publics et ses logements sur les terrains (110 km2 !) qu'il avait achetés à la Floride en 1965, en mettant en œuvre tous les progrès technologiques censés améliorer la qualité de vie de ses habitants (20 000 prévus), rejoignant en cela l'utopie de Francis Bacon « la nouvelle Atlantide ». Disney définit le projet ainsi : "Ce sera une communauté planifiée et contrôlée, une vitrine de l'industrie, de la recherche et des écoles américaines, des opportunités de la culture et de l'éducation. Dans EPCOT il n'y aura aucun ghetto parce que nous ne les laisserons pas se développer. Il n'y aura aucun propriétaire terrien et donc aucun contrôle de vote. Les gens loueront des maisons au lieu de les acheter, et à de modestes loyers. Il n'y aura aucun retraité ; chacun doit être employé." Il avait même prévu de construire un gigantesque dôme de verre englobant la ville afin de maîtriser le climat !

Walt Disney mort, c'est son frère qui reprend le projet et le transforme en parc d'attractions technologiques. Mais la Disney Company ne s'arrête pas là : en 1994 elle inaugure Celebration, une ville conçue comme une bourgade américaine traditionnelle du passé. Le concept architectural retenu est le « nouvel urbanisme », c'est-à-dire néo-traditionnel : 5 styles sont autorisés (colonial, méditerranéen, français, victorien ou de la Nouvelle-Angleterre). La vie y est très réglementée : les pelouses doivent être régulièrement tondues, il est interdit de se garer devant chez soi, la couleur des maisons doit être approuvée...

Finalement la Disney Company a revendu cette ville privée à Lexin Capital, un fond d'investissements. Près de 10 000 personnes vivent aujourd'hui à Celebration.