Au pays des chiffonniers
En 1928, Georges Lacombe, alors assistant de René Clair, filme les chiffonniers qui occupent la zone.
Sa caméra étant fixe, il soigne particulièrement les cadres et livre au spectateur un document pétri de réalisme et de poésie mêlées. On y voit notamment la danseuse La Goulue, tombée dans la mouise, à la fin de sa vie.
Le jour s'est levé sur l'avenue alors que les chiftires titulaires de ce tronçon de voie prospectaient d'un crochet agile les dernières poubelles. Puis les balayeuses municipales sont passées, brossant les pavetons sous des cataractes d'eau. Et ç'a été le tour des Sita de surgir, voraces de rogatons que les boueux y enfournent, se grattant pas pour faire tinter les boîtes à ordures, déclenchant par leur potin l'apparition des pipelets venus récupérer leur matériel, et amenant dans les étages le rabat de quelques persiennes par des bonniches.
extrait de "Hotu soit qui mal y pense", chapitre IV, d'Albert Simonin, édition Série Noire, Gallimard