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Gustave Moreau
XIXème siècle
Huile sur toile
33 X 40 cm
Paris, musée Gustave Moreau
© RMN / René-Gabriel Ojéda
Cette œuvre est exposée dans Le bain
Dans cette esquisse, Suzanne entre dans le bain et sa position rappelle celle d'une étude de femme de Moreau pour Dalila. Les deux vieillards sont cachés derrière un mur.
Dans un autre dessin, on retrouve ces mêmes figures s'approchant de la belle défendue par Daniel lors du jugement final. Plus aucun sentiment libidineux chez le brave Moreau.
Nous sommes dans la deuxième moitié du XIXème siècle.
L'ordre bourgeois règne. La sensualité est proscrite. L'étincelle brillant dans le regard des spectateurs des siècles passés s'est éteinte.
Moreau lui-même a intitulé un autre de ses tableaux La Chaste Suzanne.
Et les enfants de chœur / se masturbaient tout tristes, chantait Brassens.
Gustave Moreau est un peintre inclassable. Fils d'architecte, né à Paris en 1826, de santé fragile, il n'entre à l'Ecole royale des beaux-arts qu'en 1846, rate deux dois le Prix de Rome, subit l'influence de Théodre Chasseriau, peintre néo-classique élève de Ingres, et voyage plusieurs fois en Italie où il copie les maîtres.
Tout cela donnera un art un peu académique, un peu italien tendance Carpaccio, un peu romantique, un peu symboliste, un peu religieux, en fait très singulier dans son désir d'échapper à la réalité. Moreau exposera plusieurs fois aux Salons avec une fortune inégale.
Napoléon III aimait son art, ce qui lui permit d'obtenir des médailles, une Légion d'Honneur et, en 1888, un poste à l'Académie.
En 1892, et jusqu'à sa mort en 1898, il enseigna à l'Ecole des Beaux-Arts où il eut comme élèves Matisse, Rouault, Manguin ou Marquet.