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Jacopo Robusti, dit le Tintoret
XVIème siècle
Huile sur toile
167 cm X 238 cm
Paris, musée du Louvre
© RMN / Hervé Lewandowski / Thierry Le Mage
Cette œuvre est exposée dans Le bain
Ici, la singularité de la Suzanne au bain de Tintoret réside à la fois dans la perspective dessinée par la rangée d'arbre reliant le corps nu aux regards libidineux des vieillards, et par ce miroir posé au sol, entre les jambes de la belle, et qui ne réfléchit rien.
Comme plus tard chez Rembrandt et Rubens, il est ici question de peinture, de voyeurisme et de désir. Figures peintes, les vieillards ne regardent rien, ne voient rien. En revanche, notre regard que le Tintoret rend libidineux cherche dans le miroir à apercevoir l'intimité de Suzanne. Mais Suzanne est chaste et nous ne voyons rien.
Et nous ne voyons rien parce que nous ne regardons pas là où il faut regarder, parce que nous cherchons le sujet sans même voir la peinture.
Le père, Battista Robusti, était teinturier, aussi baptisa-t-on le fils: Tintoret. Jacopo naît à Venise en 1518. Certains lui donnent Titien comme professeur, d'autres Boniface de Pitabi. Quoi qu'il en soit, il subit dans sa jeunesse l'influence du premier avant de s'en défaire et d'adopter un style maniériste, proche du baroque, à la fois dynamique et tourmenté, aux éclairages dramatisants.
En 1564, il est nommé décorateur de la Scuola Grande di San Rocco à Venise, institution pour laquelle, jusqu'en 1588, il peint soixante-sept tableaux. Très réputé dans toute l'Italie, invité à la cour des Gonzague à Mantoue en 1578, Tintoret travaille vite, après avoir souvent étudié les lumières grâce à des maquettes en cire des scènes et des personnages qu'il doit peindre, ce qui confère à son œuvre son aspect théâtral.
Il meurt à Venise en 1594.