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Musiciens, mendiants, vendeurs à la sauvette, voleurs et pickpockets investissent ce champ opératoire gigantesque et sans cesse renouvelé.
« Ce film n'est pas du style policier. L'auteur s'efforce d'exprimer, par des images et des sons, le cauchemar d'un jeune homme poussé par sa faiblesse dans un aventure de vol à la tire pour laquelle il n'était pas fait.
Seulement cette aventure, par des chemins étranges, réunira deux âmes qui, sans elle, ne se seraient peut-être jamais connues. »
(pré-générique du film)
Réalisé en 1959, Pickpocket est basé sur un scénario de Robert Bresson lui-même : un jeune homme décide de se mettre à voler. Il s'y entraîne et passe à l'acte dans des circonstances toujours plus dangereuses. Il entretient une liaison avec Jeanne, l'aide-ménagère de sa mère qui tente de le raisonner. Arrêté sans preuve par un inspecteur qui comprend sa psychologie, il fuit la France pour ne pas « tomber ». Comme le dit William Lee : « Pickpocket est un film de regards et de gestes. Les portefeuilles circulent de main en main dans un véritable ballet. Ainsi la scène de la gare est complètement euphorisante. On sent la tension, mais en même temps la jouissance du vol réussi. On est parcouru de frissons de peur et de plaisir mélangés. C'est une expérience sensorielle rare à laquelle nous convie le cinéaste. Pickpocket est peut-être le film qui saisit le mieux le plaisir du vol, de la transgression. »
Réalisateur français né en 1901, Robert Bresson commence sa carrière comme peintre et photographe. Il réalise en 1934 un film burlesque « les affaires publiques » qu'il reniera et en interdira la diffusion. Pendant la guerre, il réalise deux films, dont « les dames du bois de Boulogne » avec Maria Casarès, sur des dialogues de Cocteau. Déçu par le jeu des acteurs, il ne tournera plus qu'avec ce qu'il appelle des « modèles » -des gens n'ayant jamais fait ni cinéma ni théâtre- multipliant les prises jusqu'à obtenir ce qu'il souhaite sans que ceux-ci puissent s'appuyer sur un savoir-faire. Son style dépouillé, presqu'exempt de mouvements de caméra, accordant, comme Jacques Tati, une grande place à la bande son est le résultat de ce qu'il a théorisé lui-même comme étant le « cinématographe », pointant ainsi l'importance d'une écriture cinématographique qu'il oppose au « cinéma », simple théâtre filmé.
Ses principaux films sont « le journal d'un curé de campagne », « un condamné à mort s'est échappé », « pickpocket », « au hasard, Balthazar », « Mouchette » et « l'argent » pour lequel il obtient le Grand Prix à Cannes en 1983, sous les huées du public. Il meurt en 1999.