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Lovis Corinth
1923
Huile sur toile
150,3 x 111 cm
Hannover, Landesmuseum
© Blauel/Gnamm - ARTOTHEK
Cette œuvre est exposée dans Le bain
C'est dans un étroit intervalle entre expressionnisme et abstraction que se situe La Suzanne de Lovis Corinth.
Lorsqu'il réalise cette aquarelle, en 1923, le peintre est lui-même âgé de 65 ans, et il y a fort à parier qu'il se place du côté des vieillards libidineux.
C'est pourquoi ces derniers paraissent plus rigolards que menaçants. Quant à Suzanne, femme généreuse, plantureuse, désirable, elle parlemente avec les deux hommes, d'égal à égal, face à face.
Ce n'est donc pas une Suzanne craintive, ni même la chaste Suzanne du mythe, mais une femme moderne, sensuelle, comme les aimait et les peignait le truculent Corinth, qui se plaisait souvent à se représenter, lui, en Bacchus hilare.
Lovis Corinth est un artiste immense longtemps ignoré en dehors de son pays. Il est né en 1858 en Prusse-Orientale, a fréquenté l'académie des Bedaux-Arts de Königsberg, puis en 1880 celle de Munich, avant de faire, en 1884, le rituel voyage à Paris où il intègre l'atelier de Bouguereau et l'académie Julian.
Mais Corinth rentra en Allemagne et y resta. A Berlin, puis à Munich en 1891, puis à partir de 1901 définitivement à Berlin où il devint, avec Max Liebermann (un autre grand peintre méconnu), membre puis, de 1915 à sa mort en 1925, président de la Sécession berlinoise. Ne sachant trop où le mettre, on classe souvent Corinth à mi-chemin entre l'Impressionnisme (avec lequel il flirta un peu) et l'expressionnisme.
En fait, Corinth est un artiste libre, qui sut se dégager des codes de son époque, et inventer un expressionnisme somptueux à la lisière de l'abstraction.